Voyons si nous trouvons de quoi soutenir que "le bi-quilles est plus stable" ou toute autre appréciation élogieuse. 

Plus stable que quoi d'ailleurs ?

Car il faut comparer ce qui est comparable !

Par exemple : le Surprise qui existe dans les 2 versions quillard et bi-quilles (revue "Bateaux" n° 491).

Avant d'aller plus loin :

Le centre de rotation du bateau à un instant donné est le "métacentre" situé à l'intersection des axes de la force hydrostatique sans gîte et avec la gîte mesurée à cet instant.

Par ailleurs, pour l'étude statique, l'ensemble des masses réparties à bord du bateau (coque, mat et voilure, appendices) est ramené au centre de gravité de l'ensemble.

Enfin, on suppose le bateau en équilibre (la résultante des forces est nulle).

Cas du Surprise version quillard

Déplacement 1250 kg, lest 500 kg, tirant d'eau 1,60 m

Le poids du bateau :

 

s'applique à son centre de gravité. Il est dirigé vers le bas et est proportionnel à la masse totale du navire.
L'action de l'air sur la voilure : se traduit par une force aérodynamique dont la composante qui nous intéresse ici est  perpendiculaire au plan de la voilure
L'action de l'eau sur la quille : se traduit par une force anti-dérive opposée à la dérive appliquée au milieu de la quille et proportionnelle à sa surface
La force d'Archimède : s'applique au centre de gravité de la carène immergée. Elle est dirigée vers le haut et son intensité est  égale à la résultante de toutes les autres forces qui s'exercent sur le navire

Cas du Surprise version bi-quille

Déplacement 1350 kg, lest 2 fois 300 kg, tirant d'eau 1 m

Le poids du bateau : la masse est plus élevée de 100 kg en raison du lest plus lourd (2 fois 300 kg au lieu de 500 kg). Le centre de gravité pourrait se situer au même endroit malgré les quilles plus courtes en raison de leur forme en bulbe.
L'action de l'air sur la voilure : identique
L'action de l'eau sur les quilles : la quille sous le vent a une efficacité optimale, mais inférieure en intensité à celle du quillard dont la quille a une surface beaucoup plus grande.
la quille au vent a une efficacité inférieure à la première car une partie de sa surface est masquée par la carène.
la résultante de ses forces trouve son origine sous l'axe de la coque un peu plus haut que le quillard, son intensité est au moins égale à celle du quillard (selon que la surface totale des quilles est plus importante que celle du quillard)
La force d'Archimède : elle dépend de la force résultante de toutes les autres. Le poids est plus élevé, le volume de la carène immergée sera plus important et la force hydrostatique aussi.

Conclusion

Rôle du poids la répartition des masses étant symétrique, le lest plus important pour un bras de levier plus court, le centre de gravité est inchangé mais le poids est plus élevé sur le bi-quille
Rôle des quilles la résultante des forces anti-dérive est au moins aussi importante (selon la surface des quilles) mais s'applique plus près de la coque donc avec un bras de levier plus court.

La combinaison de ces petits écarts fait que probablement il n'y a pas grande différence entre les 2 versions.

C'est d'ailleurs la conclusion de l'architecte (Michel Joubert) :

"on a retenu un tirant d'eau réduit, avec un déplacement un peu plus lourd, pour obtenir une raideur à la toile équivalente."

Voilà matière à discussion d'experts qui n'est pas facile avec 2 versions d'un même bateau. De là à généraliser avec des formules à l'emporte pièce "les bi-quilles, c'est plus ceci ou moins cela", on a compris que ça ne mènera pas loin.

Très bien alors me direz-vous où est l'avantage de notre Bi-Loup? Ben voyons c'est un ... Bi-Loup.

C'est un bateau fait exprès : 700 kg de lest pour un déplacement de 2000 kg (avec moteur et tout le reste) pour 85 cm de tirant d'eau et un volume intérieur incomparable. Et facile à échouer avec ça ! Il y a tant de paramètres à prendre en considération pour le choix de cette formule : résistance de l'ensemble coque-quilles, facilité de construction et prix de revient, forme de la carène, habitabilité, etc.

 

N'étant pas architecte naval, mes idées sur ce qui se passe autour des quilles soit dans en écoulement stable soit sous l'effet des "rafales" occasionnées par les mouvements de roulis du bateau ou la houle sont sans doute bien faibles  mais il n'était pas interdit d'essayer. En particulier il manque à cette étude des notions importantes comme le profil des quilles et leur calage par rapport à l'axe longitudinal. Alors si vous avez d'autres idées, écrivez moi !